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Bancs de morues
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31 octobre 2005

Les Ledoyen épisode 1

Vous vous êtes tous peut-être demandés "mais qui sont ces frères Ledoyen?".
Certains se demandent si leur style rend compte d'une intelligence supérieure et d'un corps de rêve. Bref, si ces augustes personnages sont des sortes de Villepin, intelligents, beaux, sculpturaux..
D'autres peuvent les voir comme des pères fouettards, qui seraient la terreur de nos enfants ( "attention si tu ne manges pas tes épinards à la cervelle de lapin, j'appelle les Ledoyen!")
Mais qui sont donc ces vengeurs masqués? Vous demandez-vous le sourcil levé et la moue interrogatrice.
Eh bien moi aussi figurez-vous, je me suis posé des questions. Qui sont ces chevalier surgis du Moyen Âge  sur leurs destriers, pourfendeurs de l'immoralité, anges de la IIIème république, ascètes du grec et du latin. Membres du fan club de Félix et Anatole et agrégatifs ratés. Profs de Lettres Classiques de père en fils ou d'oncle à neveu.
Je vais tenter d'éclairer votre lanterne ou plutôt votre lampe à huile mais pour vous appâter ( et vous forcer à revenir évidemment), je le ferai en plusieurs épisodes, un pour chaque frère et peut-être d'autres pour vous raconter leur vie palpitante... Une espèce de "Feux de l'Amour bloguiques."
Allez, c'est parti, on respire, je vous reprends par la main et on retourne dans la pensine à Sissy:
Dans la chambre lambrissée de chêne de l'institution des Maristes ( pour les novices, c'est une école privée tenue par prêtres pas franchement fans des dernières déclarations de l'Abbé Pierre, très progressistes, très sourds aussi), le professeur de latin Alceste Lediyen dort chastement dans son lit. Aucune autre personne femme ou homme ou animal n'a jamais partagé son lit. C'est un petit lit d'une personne, haut et antique hérité de Tonton Sylvère mais dur car on ne doit jamais dormir très bien, ça ramollit, il sent le moisi aussi et un relent d'eau de cologne senteur "Vieille". C'est un vieux garçon, un célibataire.
Ca, on pourrait le deviner en regardant ses lectures: "Chasteté" de Gudule Schumaner, "La Queste du saint Graal" ( auteur anonyme du XIIIème siècle mais pas un joyeux drille), il lit aussi son Gaffiot, une page par soir mais pas plus car ça pourrait réveiller sa libido et en sautant les articles indécents ( parties du corps, fonctions corporelles impliquant tout commerce, femmes célèbres). Il lit aussi "Le nom de la Rose" et est bien content qu'on est perdu le deuxième livre la Poétique parce qu'il n'aime pas rire parce qu'on ne rit pas, il n'y a que les singes et les espagnols qui font ça.
A 35 ans, il envisageait de se marier. Il y avait bien Marie de l'Anonciade de Biran-Rousseau  qui lui aurait plu mais décidemment les poils dans les oreilles et les sourcils à la Emmanuel Chain étaient peu ragoutants. Mais de temps en temps, il se laissait toucher par la beauté d'une jeune étudiante provocatrice, la dernière en date étant une jeune Jennyfer, belle dame sans merci , trop occupée à se limer les ongles en cours et glousser avec ses coupines, mais déjà amoureuse de Jean-Kevin jeune blanc-bec en Hypokhâgne Fontenay. Celle là a bien failli lui briser son coeur tout desséché mais il lui a collé un 2 en version et ça lui a fait du bien.
Maintenant, à 63 ans la seule chose qu'il espère c'est des lasagnes au réfectoire des Maristes et un Paris Brest le samedi.
Le réveil sonneà 6h44. Alceste tend le bras, éteint le réveil et se gratte ses roupettes ( comme le disait Maman Ledoyen), cligne des yeux, baille et rote (les lasagnes d'hier soir ont du mal à passer, évidemment il en a repris deux fois, c'est mal, il s'est laissé aller à ses penchants). Il ouvre la porte de son chevet et extrait un gros pot de chambre en céramique marqué aux armes des Maristes. Assis dans son lit, il soulage sa vessie et se remet dans son lit ( sans se laver les mains!). Il lit " Potagers de France", son unique plaisir. En plus ce mois-ci, on parle des coloquintes de décoration et il adore les coloquintes!! Une nouvelle journée commence.
Non vraiment , la vie d'Alceste Ledoyen est belle.
Au prochain épisode.
Pour ce post, je me suis inspirée de Davide Lodge dans Un tout petit monde. Je cite mes sources.

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Commentaires
R
L'ivresse est la femelle du livre! Quand est-ce qu'on libère l'hybris? <br /> Urgent
R
La queste du graal est u texte précieux, plein d'humour, de poésie... et il est de Chrétien de Troyes, on y trouve un lyrisme profond et le tout a un charme qui dure encore...
C
J'crois qu'tu les a touchés, là, Sissy... y sont tremblants de peur ;D<br /> <br /> T'as plus qu'à les achever avec ta suite.
A
Mademoiselle Sizinek<br /> Sachez que votre brûlot du 31 octobre dernier n’est pas tombé dans la bouche d’un aveugle et que mon frère Alceste et moi-même attendons la seconde partie, la suite et espérons, la fin de vos « gaminades » effrontées pour vous flageller publiquement par une réponse circonstanciée et appropriée.<br /> Pour l’heure et en attendant, peu m’importe que vous agréiez ou non, Mademoiselle, l’expression de notre mépris le plus vibrant.
S
Werewolf merci pour la précision même si elle ne me semble pas un intérêt capital pour comprendre Alceste... Mais merci, ça m'évitera de sortir d'autres conneries. Heureusement qu'il y en a qui bossent ici! Je parlerai du bon frère Auguste après...<br /> Crooke: en fait j'ai très envie qu'on me fasse des représailles. J'attends ça avec impatience:))
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